Un nombre croissant de collectivités reconnaît le potentiel de l'Habitat participatif pour sa politique publique du logement et du développement urbain. Certaines grandes villes comme Strasbourg, Lille, Angers ou Montpellier, mais aussi des communes de plus petite taille en zone rurale ou proche des agglomérations soutiennent activement la démarche. Dans le cadre de partenariats avec porteurs de projets et acteurs professionnels elles proposent des terrains adaptés et un support technique, logistique ou financier. Ces projets peuvent apporter également une nouvelle dimension participative à la planification des quartiers durables.
L'intérêt des élus pour la démarche citoyenne dépasse largement la posture politique. En effet, les objectifs des groupes convergent en de nombreux points avec l'intérêt général :
- Densité résidentielle au lieu d'étalement urbain : La démarche collective et les formes urbaines de l'Habitat participatif sont compatibles avec l'impératif d'économiser l'espace et de limiter l'étalement urbain. Ici, la densité n'est pas subie, elle est mise au profit du lien social.
- Déplacements : L'Habitat participatif favorise une organisation collective des besoins et notamment en ce qui concerne les déplacements (co-voiturage ou voitures partagées).
- Économie d'énergie et Bilan Carbone : Les comportements éco-responsables, l'approche bioclimatique ainsi que les équipements d'énergies renouvelables contribuent à la diminution des GES/habitant. Les Maîtres d'ouvrage sont également les usagers et applique naturellement l'approche économique du coût global.
- Déchets : La gestion collective d'un point de compostage sur site peut diminuer de 40% la quantité des ordures ménagères à traiter par la collectivité. D'autre part la prise de conscience collective des enjeux globaux et le contrôle social favorisent un meilleur tri.
- Accès aux logements de qualité : L'évitement des frais et charges spécifiques d'un promoteur réduit le coût d'un logement à qualité égale de 15 à 20%. Un habitat de qualité devient accessible à un plus grand nombre par l'autopromotion. C'est le circuit court de la production du logement basé sur une économie citoyenne, et donc forcément sociale.
- Diminution de la dépendance aux services publics par la coopération : La mixité et les connexions multiples entre les habitants permet de de touver des nouvelles solutions face à un grand nombre des besoins quotidiens sans faire appel à des services publics ou privés. L'entraide directe entre les habitants permet à la collectivité de concentrer ses efforts dans d'autres domaines où leur intervention est indispensable.
La volonté de développer ces nouvelles pratiques sociales s'exprime également par la création du Réseau Nationale des Collectivités pour l'Habitat Participatif. Fondé lors des Rencontres de l'Habitat Participatf de Strasbourg en 2010, ce réseau a rédigé une Charte en 2011 et réunit aujourd'hui des communes comme Paris, Angers, Rennes ou Montpellier mais aussi des Agglomérations comme le Grand Toulouse, la CU de Strasbourg ou le Grand Lyon, et enfin des régions comme Ile de France et Rhône Alpes.
Une perspective pour l'Habitat multigénérationnel
Le concept de l'Habitat participatif crée un nouvel espoir pour les personnes âgées. Il offre la perspective d'un logement adapté et d'une vie sociale active et enrichissante en lien avec les générations plus jeunes. Ce type de projet rompt avec le principe d'une prise en charge exclusivement institutionnelle des plus âgés ou du maintien au domicile avec une aide extérieure et payante qui pèse lourdement sur les budgets des collectivités et qui favorise l'isolement et la solitude. Ici, les personnes âgées peuvent transmettre leurs expériences aux plus jeunes et mettre au profit leur temps disponible à ceux qui en manquent et notamment des familles avec enfants.
Convivialité, mixité et cohérence sociale à l'échelle du quartier et la ville : La diversité des points de vue et les conflits d'intérêt font partie de la vie sociale. En revanche ces voisinages gèrent les éventuels désaccords en interne. Leur fonctionnement est basé sur le dialogue et l'écoute. Le résultat n'est pas un renfermement sur soi mais, au contraire, une ouverture dynamique vers l'extérieur.